11.12.2012 / AGRICULTURE , PêCHE ET ENVIRONNEMENT VINGT SEPTIèME RAPPORT ANNUEL
Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux

La société nationale d’exploitation et de distribution des eaux « SONEDE » a été créée en 1968, elle et chargée notamment de la fourniture et de l’approvisionnement en eau potable sur tout le territoire national. Son chiffre d’affaires s’est élevé en 2010 à 236 MD, elle a supporté une masse salariale de l’ordre de 127 MD au profit de 6830 agents et a subi des pertes de 36,4 MD.
En vue d’apprécier la performance de la SONEDE dans l’accomplissement de sa mission, la Cour des comptes a effectué un contrôle qui a été axé sur l’approvisionnement en eaux, le rendement des réseaux, la qualité des eaux et la gestion financière.
Concernant l’approvisionnement en eau, la SONEDE a accusé un retard dans la réalisation de certains projets, prévus au contrat programme pour la période 2007-2011, pour des raisons de financement. Il s’agit, notamment, du projet du renforcement de la capacité de stockage et de traitement des eaux destinées aux régions du Sahel et Sfax dont l’achèvement est reporté à 2016 et du projet d’approvisionnement des gouvernorats de Gabes, Médenine et Tataouine programmé en 2010 et reporté à 2014 faute de source de financement de l’étude de réalisation de la station de dessalement de l’eau de mer à « Zárate ».
Il en est de même pour le projet de dessalement des eaux de mer à Djerba d’un coût de 71 MD qui n’a démarré qu’en juillet 2011 alors qu’il était censé être opérationnel fin 2009.
Quant au rendement des réseaux, il n’a pas cessé de régresser, passant de 79,6 % en 2002 à 76,2 % en 2010, ce qui a engendré la perte d’environ du quart des eaux produites estimé à 100 MD au cours de la période 2008-2010. Cette régression est dûe, notamment, au faible rythme de renouvellement du réseau vétuste. Cette situation a été aggravée par le faible taux de changement des anciens compteurs qui n’a pas dépassé pas 4 % .
S’agissant de la qualité des eaux, il a été constaté que les analyses physiques et chimiques ne sont pas exhaustives et n’obéissent pas à la périodicité des prélèvements préconisée par les normes tunisiennes. En effet, les taux d’analyse n’ont pas dépassé 64 % au laboratoire central de Tunis, 50 % à Sfax et 48 % à Sousse. Il en et de même pour la salinité des eaux dont le taux peut atteindre 3g/l dans certaines régions contre 1.5g/l prévu au 11éme et 12 éme plan en raison du retard enregistré dans la réalisation des programmes nationaux d’amélioration de la qualité de l’eau potable prévus.
Concernant la situation financière, les pertes cumulées de la SONEDE ont atteint en 2010 plus de 112 MD. Les recettes de vente de l’eau n’arrivent pas à couvrir les frais de sa production et de sa distribution. Toutefois, diverses autres insuffisances ont accentué la détérioration de la situation financière de la société se rapportant notamment, à la maitrise des coûts énergétiques qui ont atteint 41,9 MD en 2010. En effet, la plupart des mesures tendant à comprimer ces coûts adoptées depuis 2004, n’ont pas été concrétisées outre le fait que la SONEDE n’a effectué aucun audit énergétique externe et périodique en violation des dispositions de la loi n° 2004-72 relative à la maitrise de l’énergie.
En outre, il a été relevé que la SONEDE pourrait agir sur les coûts d’approvisionnement des matières consommables comme l’eau de javel et les produits d’entretien des réseaux en procédant à des appels d’offres au lieu de consultations élargies au niveau des directions régionales.
Quant à la consommation des produits chimiques de traitement des eaux, l’absence de critères techniques régissant l’utilisation de ces produits n’a pas contribué à la maitrise de leurs coûts qui avoisinent annuellement 6 MD.
L’accumulation des créances non recouvrées, notamment, auprès des organismes publics, ayant atteint le montant de 58 MD en 2010, a également contribué à l’aggravation de la situation financière de la SONEDE.


